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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 09:37

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cet article est extrait d'une revue Debout Les Paras de l'année 1989.

La vie quotidienne des antennes chirurgicales parachutistes à Diên Biên Phu.

Dans une France où les revendications pour l'amélioration des conditions de travail priment sur le travail lui même,où la notion de Service Public a pratiquement disparu,le dévouement des personnels des Antennes chirurgicales à Diên Biên Phu revêt,35 ans après(en 1989),un aspect surréaliste,quasi surnaturel.
On ne connait pas suffisemment les artisans de ces postes de secours où le miracle était quotidien.L'ancien chef de l'APC nr5 met ici en lumière le tragique de leur situation.
Cet article est extrait du bulletin de liaison de l'Amicale des anciens de Diên Biên Phu.
D.L.P.
                                                      *************************
La lumière blafarde de la luciole inonde le flanc labouré du piton de Diên Biên Phu.


Il était pourtant parti en Indochine,débordant d'enthousiasme et de courage.Pour cette lointaine aventure,il avait quitté sa famille et ses amis et comme tous ses copains,il avait apporté son sens du devoir.Il fallait défendre l'honneur de la compagnie mais aussi,bien sur,confirmer sa réputation de baroudeur.... En Asie,il croyait sincérement qu'il contribuerait à enrayer l'inexorable expansion marxiste.
Enivré par le bruit des explosions et des rafales des armes automatiques,abruti de fatigue et par des nuits sans sommeil,la pluie,la boue gluante....il est là,palpitant dans l'action des combats,désolé de son impuissance,angoissé mais pourtant bien décidé à contenir l'assaillant viet tapi comme lui,invisible,dans l'ombre de la tranchée voisine...l'obus d'un mortier de 60 explose et le combattant s'affaisse....
Pas un cri,inconscient....un voile noir et le corps recroquevillé,glisse dans l'immonde flaque de boue rougie de la tranchée.A ses côtés,son copain de combat gît,le visage arraché...
Sous le tir de barrage terrifiant,les derniers rescapés de la compagnie,hagards,se replient en piétinant les corps dont certains bougent encore....ou les trainent sans ménagement en se relayant,il faut tout tenter pour arracher son copain à une mort certaine....Gestes magnifiques et héroïques de solidarité,preuve admirable de cette fraternité entre les hommes peu habitués à révéler leurs sentiments et leur coeur.Tous ces actes accomplis,certes inconsciemment,la peur au ventre avec un seul but.... atteindre ce fanion maculé de la croix-rouge,qui marque le poste de secours.


Dans ce boyau encore couvert,on entasse ces malheureuses loques.L'évacuation sur l'antenne chirurgicale est impossible....l'encerclement est pratiquement total.
C'est donc dans ce trou,dans les pires conditions d'insécurité,d'inconfort,de saleté et surtout avec des moyens médicaux trés réduits que tous les gestes et les soins d'extrème urgence sont mis en oeuvre par le médecin de l'avant et son équipe d'infirmiers et de brancardiers.
Tous les cas sont engoissants mais le plus difficile est de repérer les blessés en danger de mort imminente.....
-aveugler une plaie de poitrine béante et asphyxique par un pansement occlusif....
-placer un garrot ou un pansement compressif sur une plaie vasculaire très hémoragique....
-redresser et appareiller,même sommairement avec un piquet ou un fusil,un fracas  de cuisse ou de jambe source de choc intense dû à la douleur....
-et puis placer des pansements individuels sur toutes les blessures,soulager avec la morphine,ramener le calme et le relatif confort d'un brancard,rassurer et avoir la présence d'esprit d'établir cette fiche d'évaluation indispensable dans la chaîne des évacuations ultérieures que l'on fixe sur la poitrine du blessé inconscient et qui permettra de connaître plus tard son nom,la nature de ses blessures et les soins et médicaments qu'il a reçu à l'avant.


Petit à petit,dans la pénombre du poste de secours,au milieu des explosions voisines et le crépitement incessant des mitrailleuses et des FM.,la blancheur des pansements tranche sur la teinte fécale de la boue....On attend....


La contre-attaque désespérée des paras et la reconquête du piton desserre l'etreinte des survivants de la compagnie décimée.Le repli des quelques dizaines de combattants hagards et résignés s'effectue à l'aube.Dans un écran de fumigène,c'est un long défilé de brancards où gémissent les blessés cahotés dans cette course vers l'antenne chirurgicale à travers les cratères des explosions d'obus et les chicanes des tranchées à demi éboulées...
Les morts accessibles ont été recouverts de quelques pelletées de terre au fond de la tranchée,sépulture bien modeste pour ce petit gars de France!.....
On plonge dans l'entrée de l'antenne chirurgicale alors que se déchaîne le tir d'artillerie ennemie....un obus atteint de plein fouet le groupe électrogène et c'est dans une obscurité quasi-complète que débute le triage chirurgical.
Le raccordement au groupe des transmissions permet de découvrir un spectacle assez hallucinant:une quarantaine de blessés,à demi-nus sur les brancards posés à terre dans la boue,une dizaine d'autres moins atteints restent accroupis contre les parois.
Les PIM (Prisonniers et Internés Militaires) alertés procèdent à leur toilette sommaire et ce n'est pas une mince affaire que de supprimer cette gangue de boue visqueuse qui recouvre tout:vêtements,peau,blessures et transforme le sol en un véritable marécage....
Le triage chirurgical par le jeune chirurgien est un acte capital car il entraîne un choix terrible en conséquence;le diagnostic précis....dont la vie du blessé dépend....
-les moribonds (environ 1 blessé sur 10),comateux:crâniens,plaies multiples trés délabrantes sont au dessus de toute ressource chirurgicale,ils recoivent vite une injection de morphine pour atténuer leurs souffrances jusqu'à la fin.Certains encore conscients paraissent incroyablement résignés;plusieurs avant leur dernier souffle prononcent des noms d'êtres chers,demandent à être baptisés,l'aumônier bloqué par un tir de barrage serait arrivé trop tard.
-pour les autres blessés le degré d'urgence doit être dépisté et ce n'est pas la moindre affaire dans une telle avalanche.Les pansements primitifs enlevés,le chirurgien établit le bilan des blessures et l'état du choc.
Simultanément avec des gestes quasi-automatiques biens rodés,toute l'équipe d'infirmiers  de l'antenne s'affaire à genoux autour des brancards et chacun des sept infirmiers a son rôle bien défini.Le blessé recevra donc systématiquement les sérums antitétanique et antigangréneux,les antibiotiques puis la médication préparatoire (phénergean,atropine dolosal).L'infirmier réanimateur surveille les pouls,tension artérielle,les respirations;il place les perfusions intraveineuses,sérums glucosés,salés,plasma,sang....hélas parachutés en trop petites quantités.

Il faut souvent inciser à  la racine de la cuisse pour découvrir une veine profonde perméable.
Au milieu de tous ces préparatifs et de l'inconfort le plus complet,le chirurgien compose un programme opératoire en fonction de la gravité et le l'urgence des blessures:thorax asphyxiques,hémorragiques,garrotés sont la priorité absolue.


Pendant ce temps,l'infirmier instrumentiste prépare les tables et les plateaux d'instruments stérilisés,les linges opératoires,les ligatures.Il faut être économe,récupérer tout ce que l'on jette habituellement:compresses,pansements,ligatures.Le stérilisateur se bat avec son autoclave chauffé avec un "primus" à essence défaillant et le groupe électrogène surmené succombera à plusieurs reprises.
Le triage est achevé,il retarde peut-être  le geste opératoire mais il permet la mise en condition de tous les blessés qui défileront maintenant sans interruption sur la petite table d'opération pliante de notre antenne parachutiste.


La salle d'opération!.... terme bien pompeux pour désigner le boyau terreux couvert heureusement de gros rondins et d'une épaisse couche de terre.Pour apporter un semblant de propreté et réaliser une cellule opératoire approximative,le plafond et les parois étaient garnis de parachutes que l'on renouvelait de temps à autre.En effet,chaque explosion voisine arrosait de terre le champ opératoire et les tables d'instruments stérilisés.Hélas cette terre recueillie dans les toiles gonflées d'eau boueuse dégoulinait en stalactites comme dans une grotte.
Des fils accrochés au plafond obligeaient les gouttes à suivre un trajet plus oblique.On est loin des cellules opératoires,salles blanches avec flux d'air hyperaseptique .... tout était improvisé.
L'anesthésiste,infirmier mais aussi cuisinier,va tout tenter pour apporter un peu de confort à notre geste chirurgical.
L'absence d'appareil à circuit fermé dont l'intubation endotrachéale impose une anesthésie par voie intraveineuse au pentothal.Le relais à l'ether avec l'antique masque  d'Ombredanne sans oxygène (parachutage difficile des bouteilles de gaz comprimé) ne procure qu'une anesthésie légère à la limite du réveil et souvent le blessé bouge.On doit se battre pour vaincre la poussée abdominale et pour maintenir un membre fracturé durant la dessication du plâtre.


En priorité sont traités les blessés de grande urgence:


-fermeture d'une plaie de poitrine asphyxique et béante après ablation du pansement occlutif,véritable soufflet de forge où jaillit le poumon mis à nu à travers les côtes fracturées.Ces bessures sont la cause habituelle de la mort par asphyxie des blessés de guerre,mais à Diên Biên Phu,la proximité du poste de secours et leur évacuation rapide permettait parfois d'aveugler la brèche par des moyens sommaires avant la suture étanche du chirurgien et l'évacuation de l'air engougré dans la plèvre.
-les plaies vasculaires necéssiteront la ligature de l'artère ou de la veine rompue,avec tous les risques semblables à ceux d'un garrot donc l'amputation secondaire inévitable.
-les membres déchiquetés,sources de chocs,sont amputés directement sur le brancard,anesthésiste et chirurgien à genoux.Il en est de même des autres blessés moins graves,dont les plaies sont débridées,les petites fractures appareillées,des pansements refaits sous anesthésie....Toutes ces opérations plus mineures faites entre chaque "grosse intervention" à la hâte.....car il faut faire vite,très vite,et le chirurgien est seul.
-les blessés de l'abdomen (quelques-fois 7 en 24 heures) recevront une large laparatomie exploratrice pour détecter toutes les lésions internes dues à une transfixion par balle ou un éclat d'obus inclus on ne sait où.
L'opération est parfois longue et laborieuse.L'hémorragie interne nécessite la ligature d'un vaisseau,l'ablation de la rate ou du rein ou le tamponnement rarement très efficace des plaies du foie.Il faut faire vite pour sutturer et refermer les multiples perforations intestinales.
Il faut des sutures étanches sauf pour le gros intestin rempli de matières fécales hyperseptiques,pour lui l'anus artificiel en extériorisant  la perforation est seul capable d'éviter une péritonite post-opératoire.
La fermeture de la paroi doit être solide et la poussée abdominale due à une anesthésie trop légère impose des fils solides....quelquefois des fils de bronze .....ce n'est pas de la microchirurgie.
Et que dire des polyblessés qui associent une blessure abdominale ou thoraco-abdominale avec des fractures ouvertes  délabrées de jambe,une plaie mutilante de la face avec une plaie de la vessie .....énucléation pour un oeil éclaté et trachéotomie pour des lésions graves de la bouche ou du maxillaire inférieur,etc.....
A chaque instant,d'autres blessés en attente imposent un geste chirurgical d'extrème urgence imprévu et un véritable manège oblige le chirurgien à quitter l'opération en cours pour secourir en catastrophe d'autres blessés nouveaux....


Entre chaque transferts des blessés sur la table,on pique un petit somme sur un tas de parachutes,l'anesthésiste cuisinier apporte la ration de boeuf assaisonné,le riz et le nescafé en sachet....un peu d'air à l'entrée en chicane de l'antenne.....tient c'est la nuit....on n'a plus aucune notion de l'heure et du temps.Le ciel est zébré de balles traçantes de la DCA viet et les éclairs éblouissants des explosions d'obus sur sur le T lumineux balisant la DZ (Drop Zone:zone de saut) indique que des parachutages ont lieu malgrè le temps couvert précédant la mousson.Des Dakotas,des Packetts tournent sans arrêt sur la cuvette pour larguer au plus bas (150m) ,alors que des lucioles éblouissantes se balancent mollement éclairant tout ce paysage de désolation.Par vagues et toujours,arrivent d'autres blessés et il faut pourtant opérer ceux qui attendent depuis 24 heures:parages des plaies,débridement des transfixions,énucléation,amputation secondaire à une ligature d'un gros tronc artériel,ouverture d'abcès,réintervention pour occlusion ,etc.....etc...


Les blessés du crâne arrivent en dernier,car pour eux,on ne peut pas grand chose:déterger la bouillie cérébrale au sérum chaud,enlever les esquilles osseuses compressives et tenter de recouvrir avec ce qu'il reste du cuir chevelu en inondant d'antibiotique.


Attention....un obus à explosion retardée fuse dans la paroi de la salle de triage....fracas assourdissant....La paroi s'effondre enfouissant un infirmier et plusieurs blessés sur leurs brancards:on déblaie à la pelle toute cette terre gluante pour retirer l'infirmier réanimateur abasourdi et dégager les plaies béantes remplies de boue des blessés...
Dans les boyaux voisins,où ils ont été conduits,les opérés des jours précédents tous étonnamment silencieux dans leurs couchettes métalliques superposées jusqu'aux rondins du plafond qui dégouttent d'eau boueuse....
Ils devront pourtant vite céder leur place "privilégiée" !,aussitôt occupée par de nouveaux arrivants....Le médecin de leur bataillon à quelques dizaines de mètres de là prendra le relais du chirurgien de l'antenne dans des conditions encore plus précaires.


Il est arrivé souvent que ces mêmes blessés reviennent,après avoir repris le combat avec une nouvelle blessure.Là-bas,seulement nous étions les témoins stupéfaits de ces actes de courage invraisemblables imposés par une résistance désespérée à l'étreinte du viet.Mais comment tenir une arme avec un autre bras en écharpe et rester debout avec une énorme plaie de cuisse ou une amputation de jambe...et pourtant...
Il était difficile de rester insensible à certaines situations tragiques:ce lieutenant blessé à mort qui demande que l'on soigne avant lui son ordonnance marocain blessé qu'il appelait "Clair de lune".
Ce légionnaire qui avouait avoir abandonné sa famille et demandait que l'on prévienne sa femme à TÜbingen.
Ce grand noir sénégalais dont les deux orbites avaient été arrachés par un éclat et dont les lobes antérieurs du cerveau pendaient à la place des yeux et du nez....il parlait encore par intermittence en gémissant....il vivra encore dix heures soulagé par des injections répétées de Dolosal....


Et combien d'autres encore...


Les linges opératoires ne peuvent plus être lavés dans l'eau souillée puisée dans le Nam-Youm par les PMI.
On stérélise à l'autoclave chauffé à l'essence ces loques puantes.
Le chirurgien privé de blouse opère torse nu avec un tablier de caoutchouc.Les mains gantées de gros gants de "chaput" plongent dans l'alcool...puis dans la plaie ou l'abdomen rempli de matières fécales sanglantes écoulées des viscères rompus.
Les semaines interminables s'écoulent et les parachutages nous approvisionnent très régulièrement. Il faut tout économiser:ligatures,compresses,pansements,antibiotiques et même l'alcool à 90°;mercurochrome,alcool iodé...les anesthésiques généraux et l'on fait de plus en plus d'anesthésies locales à la novocaïne.
Les grandes ampoules de verre de sérums sont trop fragiles pour supporter le parachutage.Elles ont fait place à ... des bouteilles de "Bière Segi" vidées de leur contenu et conditionnées avec les sérums à Hanoï.On transperce avec l'aiguille  de la tubulure la capsule évidée...
Le sang manque de plus en plus et pour rétablir imparfaitement la masse sanguine on utilise le plasma sec et le Subtosan.


Le Damany,notre médecin-chef du camp retranché,harcèle le service de santé d'Hanoï qui conditionne sans relâche les caisses de médicaments,matériels,brancards,groupes électrogènes,instruments,couvertures,vivres qui seront largués,la nuit suivante,à haute altitude avec des parachutes à ouverture retardée....la DCA installée sur les hauteurs devient trop précise.
Après récupération dans les barbelés et les tranchées à la barbe des viets,les colis sont acheminés aussitôt vers les médecins de l'avant et les antennes.Malgré les pertes inévitables,les colis tombés chez les viets et la casse,jamais les soins n'ont été interrompus...


Vidal au BT2 avec l'ACP6 (Antenne Chirurgicale Parachutiste nr 6) est submergé et se replie sur l'ACP5.Nous allons travailler ensemble durant les premiers jours de la bataille.L'ACM Gono avec Grauwin et Gindrey voisine du PC.L'ACP3 isolée sur Isabelle avec Résillot,tous les chirurgiens rompus à cette chirurgie de guerre de l'avant,s'étaient malgré tout adaptés à ces conditions apparemment désespérées.


L'impossibilité de toute évacuation sur les hôpitaux de l'arrière imposait un fonctionnement autonome prolongé dans ces hôpitaux de campagne improvisés.
Geneviève,infirmière à l'ACM (Antenne Chirurgicale Mobile) tous nos infirmiers,les médecins des unités et les cinq chirurgiens dispersés,formaient là-bas des équipes dynamiques et enthousiates malgré le danger permanent,la fatigue et l'abrutissement des semaines sans sommeil.
A l'ACP5,on a traité près de mille blessés en un mois!.... Mais le médecin de l'avant restera toujours le maillon indispensable sous l'autorité de Le Damany,médecin-chef du camp retranché.
Par son rôle technique et humain,il avait la confiance du combattant qu'il assistait au coeur même des combats.Il apportait un soutien moral indescriptible.Le "Toubib" restait l'extrème refuge en cas de blessure pour l'homme de troupe ou les gradés et c'est lui qui recueillait souvent les confidences avant leur dernier soupire.
A Diên Biên Phu,il avait aussi l'entière responsabilité des blessés opérés quelques heures avant.


7 mai 1954.... chute du camp retranché de Diên Biên Phu....


Les viets silencieux et noirs arrivent à l'entrée de l'antenne au cours d'une opération qu'ils me demandent d'interrompre la rage au coeur.Di Vé! Maolen!
Retour à la surface,hagards,éblouis par la lumière du jour,... encore des blessés....ce seront des prisonniers français qui sautent sur des mines antipersonnelles:on leur impose le déminage du terrain d'aviation en vue d'une évacuation aérienne éventuelle....pieds de mine et garrots avec du cable électrique placé par les infirmiers-médecins viets.... à la racine du membre depuis plus de 4 heures.
Sous des tentes improvisées avec des parachutes,il faut amputer au niveau de la cuisse avec du matériel et des médicaments chinois inconnus....nos antennes ont été considérées comme prises de guerre.
Tous les blessés depuis le début des combats ont été remontés des abris et c'est sous la pluie qu'ils attendent leur hypothétique évacuation.
Totalement privés de nos soins,avec des pansements horriblement souillés,des plâtres pourris où grouillent des asticots,des amputés sans béquilles,des plaies béantes sans pansements et des opérés de l'abdomen vomissant et réclamant un sédatif,tous décharnés,en guenilles mais néanmoins remplis d'espoir d'une libération prochaine et de soins dans un véritable lit hôpital.


Ils devront attendre pourtant l'autorisation d'Ho-Chi-Min qui par sa "clémence humanitaire!" permettra à ces malheureux ,leur départ en hélicoptère vers Hanoï accompagnés de Geneviève et d'un ou deux médecins.
Les autres combattants après des adieux émouvants sont arrachés sans ménagement à leurs camarades et ils prennent le chemin de la captivité pour rejoindre les camps du Nord Vietnam à la frontière chinoise.
Les médecins seront également séparés des blessés et malades de la longue colonne de prisonniers.Cette séparation tragique nous empêchera de leur apporter une aide  et quelques soins élémentaires.
L'absence de conseils d'hygiène,de prophylaxie des maladies tropicales expliquera la mortalité très lourde dans les camps de la troupe et des sous-officiers.Et pourtant,le simple fait de boire exclusivement de l'eau bouillie supprimait la quasi-totalité des affections intestinales parasitaires ou infectieuses:amibiases,ascaris,lambliases,spirochétose,etc....De même le comprimé de Nivaquina empêchait la crise mortelle de paludisme grave.


Les camps de prisonniers français en Indochine ont été décimés par la négligence orgueilleuse du commandement viet.Leur refus de l'assistance de la Croix-Rouge Internationale et l'incompétence totale de leurs infirmiers médecins ignorant constituait un crime indigne qu'aurait dû dénoncer largement l'opinion internationale de l'époque.
Hélas veuves et orphelins,ces lignes postumes ne sauraient atténuer votre peine.Elles avaient uniquement pour objet de vous apporter le témoignage de ceux qui,miraculeusement ,ont échappé au massacre.
Vous devez pourtant savoir que,là-bas,ils ne songeaient pas,égoïstement,à sauver leur peau mais il existait un extraordinaire sentiment de camaraderie et de solidarité.On comprend mieux les actes héroïques obscurs qui ont été accomplis et que l'on ne connaîtra jamais.
Beaucoup de balafrés,d'amputés handicapés ou invalides doivent la vie au copain inconnu qui n'en est souvent jamais revenu.
Ceci,il y a bientôt 35 ans et c'était à Diên Biên Phu.

Un des chirurgiens d'antenne
E.Hantz (ACP 5)


liens correspondants sur le blog:

 

Diên Biên Phu et les prisonniers du camp 73.

 

Le système carcéral viet-minh(source DLP)

 

 

 

DLP6

 

La revue trimestrielle Debout Les Paras est offerte gratuitement à tous les adhérents de l'Union Nationale des Parachutistes.

 

Lien vers le site national de l'UNP :  link

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 08:01

la source de cet article:revue trimestrielle Debout Les Paras nr 174-année 2000

 

16 mai 1950:Première évacuation sanitaire par hélicoptère de la guerre d'Indochine

Evacuations-sanitaire-Indochine--3-.jpgPendant les premières années de la guerre,les évacuations primaires par voie aérienne se faisaient par avion Morane 500.En mai 1950,l'hélicoptère fait son apparition dans le ciel de l'Indochine.Dès lors,son emploi pour l'évacuation des blessés ira en augmentant jusqu'au cessez le feu le 11 août 1954.

Le cinquantenaire de la première évacuation sanitaire par hélicoptère de la guerre d'Indochine est l'occasion de rendre hommage aux pilotes de l'Armée de l'Air qui ont permis de sauver des milliers de blessés dont un grand nombre de parachutistes.
Le 12 mai 1950,un hélicoptère Hiller 360 survole la place de la cathédrale de Saïgon où,le public rassemblé pour cette exhibition,découvre ce nouvel engin piloté par le Lieutenant Alexis Santini,qui débute un second et long séjour affecté à l'escadrille de liaison aérienne 52 comme commandant de la section hélicoptère.
Le  service de santé avait acheté les deux premiers Hiller 360 destinés à l'évacuation rapide des blessés du théâtre d'opérations.

Le Colonel Santini a raconté sa première EVASAN,le 16 mai 1950:"A 17h50,un message est arrivé au PC du GATAC-sud Saïgon.Il s' agissait d'évacuer deux blessés couchés qui se trouvaient dans le secteur nord-ouest à Tan-Uyen.J'étais le seul pilote d'hélicoptère en Indochine à ce moment là.J'avais été escorté à l'aller par deux chasseurs.L'appareil n'était pas muni de compas mais je connaissais bien la région.Je me suis posé pour prendre les deux blessés ,un lieutenant para costaud et un légionnaire qui lui aussi pesait son poids!Bref,nous étions en surcharge.J'ai tout de même réussi à décoller et mis le cap sur Saïgon.J'ai déposé mes passagers de nuit.C'était la première mission assurée par un hélicoptère militaire en Indochine." (Air Actu-Mai 1994).
D'autres pilotes rejoindront le lieutenant Santini,le médecin capitaine Valérie André,chirurgien,parachutiste,l'adjudant Bartier,les capitaines Joly et Dousset.D'autres encore.
Aux deux premiers Hiller 360 (178 CV,660 kg à vide,2 civières,ne disposant que de 240 kg pour transporter le pilote et 2 passagers) s'ajoutent en 1952,quatre nouveaux Hiller H23 et neuf Westland,version anglaise du Sikorsky S.51.  En 1953 arrivent neuf nouveaux Hiller H23,puis de septembre 1953 au premier semestre 1954 ,18 Sikorsky S.55 (700 cv) pouvant transporter six blessés couchés et un infirmier avec un rayon d'action de 500 km.
Début 1953,le capitaine Santini est nommé inspecteur des hélicoptères.L'Armée de l'Air a intégré ses hélicoptères dans les escadrilles de liaison 52,implantée à Tan Son Nhut et 53 implantée à Bach Maï au Tonkin.
Le 1er juillet 1954,les sections hélicoptères sont réunies pour former la 65° Escadre d'hélicoptères commandée par le lieutenant-colonel Charreire,secondé par le Capitaine Santini.

 

 

Evacuations sanitaire Indochine (1)Les anciens d'Indochine ont tendance à minorer le nombre d'hélicoptères,pourtant le bilan est éloquent.Le médecin général Bergeret a indiqué"plus de 11.000 évacuations primaires de blessés par hélicoptère" .Il faut ajouter 38 pilotes récupérés et 80 évadés de Dien Bien Phu.
Le médecin capitaine Valérie André compte 129 missions et 165 blessés évacués.Sa première mission date du 16 mars 1952.
Pour sa part et,à titre d'exemple,l'ELA 52 a assuré 1238 EVASAN de janvier 1952 à janvier 1954 (registre des EVASAN EVA/52-SHAA-Vol.20  Série 6) dont les compte-rendus sont signés du Capitaine Santini.Au total,42 hélicoptères servirent sur le théâtre d'opérations indochinois (Hiller UH-12A,H 23A,H 23B et Sikorsky S-51 et S-55).
L'emploi de l'hélicoptère ne doit pas faire oublier les évacuations primaires par avions légers Morane 500.Dès 1947,    dix avions assuraient les évacuations:
-une section à 4 avions à Tan Son Nhut couvrant le Cambodge,la Cochinchine,le Sud Annam et le Laos.
-une section à 4 avions à Gia-Lam couvrant le Tonkin puis le Nord Annam,un avion à Nha Trang couvrant le Sud Annam et un avion à Tourane couvant le Centre Annam.
Cette situation est indiquée à titred'exemple pour souligner l'importance accordée par l'arméede l'air aux EVASAN.Elle sera modifiée ultérieurement  au fur et à mesure de l'arrivée des hélicoptères,mieux adaptés pour les postes dépourvus de piste ou inondés pendant la saison des pluies.Les pilotes des Morane 500 ont réussi des prodiges en se posant dans des zones difficiles.A leur actif ,on relève plus de 20.000 évacuations sanitaires.

Au cours de la guerre de Corée,12.000 bléssés ontété évacués par hélicoptère les médecins du corps expéditionnaire ont estimé que 90% des hommes les plus atteints eussent perdu  la vie s'ils avaient été transportés en jeep sous un pareil climat(cité par J.F Navard in les Giravions/Amiot-Dumont-1955).
Pendant la guerre d'Algérie,l'hélicoptère sera au coeur des opérations.La directive sur l'emploi opérationnel des hélicoptères (ALAT) est datée du 15 mars 1956.Peu nombreux au début du conflit ,on en comptera 349 en septembre 1959 (193-ALAT,130-Armée de l'air,26-Marine).Les évacuations sanitaires primaires du lieu de l'enlèvement du blessé au relais chirurgical le plus proche seront,la plupart du temps,effectuées par hélicoptère.Pour sa part,l'Armée de l'Air en effectuera 23.711 (MG Bergeret-RHA n° spécial sur le Service de Santé-1972).

Colonel (cr)du CTA-SSA
Pierre-Jean Linon-UNP 9641
Vice-président UNP-92 Sud
Président d'honneur du GORSSA

Evacuations-sanitaire-Indochine--2-.jpg

 

 

Pour info:la revue trimestrielle Debout Les Paras est offerte et envoyée gratuitement à tous les adhérents de l'Union Nationale des Parachutistes.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 11:31

  En 1897 Paul Doumer est gouverneur général de l'Indochine française.A cette date,le réseau des chemins de fer de l'Indochine ne comptaient que deux lignes.
la première en Cochinchine,la seconde au Tonkin.

La construction du chemin de fer de Yunnan


Durant les temps dits de"colonisation",des acteurs économiques français ont envoyé leurs équipes techniques pour exporter leur savoir-faire et en même temps obtenir de nouveaux marchés.La construction du chemin de fer de Yunnan en a été l'un des exemples,construction qui a représenté,3422 ouvrages différents,le perçage de 155 tunnels,22 ouvrages à structure métallique(des ponts et viaducs)52000 tonnes de voies ferrée,plus de 16 millions de mètre-cube de terrassement. ainsi que le percement de 150km de forêt vierge en zone montagneuse.

Vers la fin du 19 eme siècle,après l'établissement du protectorat français sur le Tonkin,la France s'est constitué dans le sud de la Chine et en Indochine une zone d'influence dont l'intérêt se portait avant tout sur la vallée du fleuve Rouge qui offrait une voie d'accès privilégiée vers la Chine du Sud.A l'époque,le Yunnan pourtant difficile d'accès,représentait un grans intérêt pour la Grande Bretagne et la France,ces deux pays voulant étendre leurs zones d'influence vers le Nord.L'installation de ce chemin de fer représentait,pour la France,une chance d'implantation en Extrême-Orient,sa construction précédait celles des routes et devait contribuer à assurer la pacification du pays,qui était par ailleurs menacé par les Pavillons Noirs..Le chantier à réaliser était immense difficile sur le plan technique et nécessitait des aides publiques pour assurer son exploitation.

Un appel a été lancé à des firmes expérimentés dans ce genre de travaux,la Régie générale des chemins de fer,la société des Batignolles;Ces deux sociétés avaient effectué ce type de travaux,tels que pour l'une ou l'autre en Serbie,Italie,Pays-Bas,empire ottoman,Russie,Espagne,Roumanie,Sénégal,Algérie,Tunisie,Argentine....
Ces deux compagnies créèrent alors "la Compagnie française des chemins de fer de l'Indochine et du Yunnan"(concessionnaire exploitant et la Société de Construction des chemins de fer indochinois pour les constructions.
Les premiers accords avec la Chine impériale obtenus en 1901,la construction commence en 1902 et se termine en 1910.Le chemin de fer partait de Lao Kay à la frontière du Tonkin avec la Chine,pour rejoindre la capitale du Yunnan chinois Yunannfou,à une distance de 465km,prolongeant ainsi la ligne de Haiphong-Hanoï-Laokay.Ce qui représentait au total une distance de 850km.
D'immenses difficultés rencontrées,le chemin de fer empruntait la vallée escarpée du Namti et escaladait un massif qui séparait le bassin du fleuve Rouge de celui de la rivière de Canton,une zone de hauts plateaux qui culminait à 2100 mètres.
Difficultés entre autres d'approvisionnement en ciment fabriqué au Tonkin,pour y palier,recour à une méthode ancienne connue en Europe,l'utilisation du ciment de tuileau qui était un mélange de briques rouges cuites à 600/700 degrés pilées avec de la chaux,cette solution permettait l'utilisation des ressources locales.Formation de la main d'oeuvre locale aux travaux de maçonnerie,pose de voies,travaux souterrainsetc...
L'aventure a duré 8 ans et a mobilisé 67.000 hommes avec des difficulté de recrutement tant chez les européens que dans la main d'oeuvre locale.8000 bêtes utilisées pour le transport des vivres,explosifs et matériels.Chemins de service taillés dans le roc au dessus des précipices,qui limitait la longueur des pièces métalliques à transporter(pièces suffisamment courtes pour être transportées à dos de mulet),ravins à franchir,au moyen de passerelles métalliques système Eiffel.........De nombreux problèmes de maladie à cause du climat malsain ,des médecins européens et infirmiers soignaient les ma    lades dans des installations sanitaires,la quinine,apportée de France était grandement utilisée.De 1903 à 1910,10% des effectifs européens périrent de maladie ou accident.

Huit viaducs métalliques ont été installés de façon modulaire,avec des piles métallique,permettant de résoudre des problèmes de délais.Ces installations étaient dues à un ingégnieur-administrateur de la société des Batignolles,Paul Bodin.Les éléments de ces ponts étaient fabriqués à Paris et expédiés jusqu'au chantier.

Janvier 1910,le train en direction de Kumming emprunta pour la première fois le pont  Doumer à Hanoï (routier et ferroviaire,ouvrage de 1600m de longueur qui enjambais le fleuve Rouge,Mais le Yunnan n'a jamais été annexé ,la France n'est pas parvenue à concurencer de façon efficace les voies commerciales chinoises sous contrôle des Anglais.En 1940,les Chinois démontent la ligne durant l'invasion japonaise et après la seconde guerre mondiale le contrôle du tronçon du Yunnan est abandonné aux Chinois contre le départ de leurs troupes de Long Yun.
1949-les communistes prennent le contrôle du Yunnan et le chemin de fer sert à alimenter les éléments du Viet Minh.

Les deux lignes construites principales étaient celles qui reliait Hanoï à Saïgon,d'une longueur de 1680km,le Transindochinois,et le chemin de fer de Yunnan.D'autres lignes plus courtes ont aussi été installées,Saïgon-Loc Ninh,Tour-Cham-Dalat,Hanoï-Haïphong,Hanoï-Lang Son,Saïgon-My Tho,Phnom Penh-Poipet.

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 07:42

Crime contre l'humanité.(source DLP N°149-année 1994)

Affaire Boudarel-juillet 1994.

Communiqué du Comité d'entente des Anciens d'Indochine.
L'ancien Ministre Jean-Jacques Beucler,lui même ancien prisonnier des Viets en Indochine,avait au cours d'un colloque au Sénat,rendu publique la présence de Georges Boudarel,comme Commissaire Politique au Camp 113,ou furent exterminés de nombreux prisonniers français.

L'Association Nationale des Prisonniers d'Indochine (L'ANAPI) ne pouvant alors"ester en justice"avait dû s'associer à la plainte avec constitution de partie civile déposée par un de ses membres,Monsieur Sobanski,ancien prisonnier du Camp 113,contre Georges BOUDAREL,qui avait bénéficié d'un non lieu.

Un arrêt de la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation avait confirmé ce non lieu au motif que les crimes contre l'humanité ne pouvaient être poursuivis en France qui si ils avaient été commis en Europe au cours de la dernière guerre et uniquement au profit des puissances de l'Axe.

A la suite de ce non lieu, BOUDAREL avait porté plainte contre SOBANSKY,l'ANAPI et leurs complices(les anciens prisonniers d'Indochine,témoins dans la plainte initiale),pour dénonciation calomnieuse.

Ce dossier a été confié à Monsieur GETTI,Premier Juge d'Instruction à Paris,qui a lancé une commission rogatoire en vue d'établir la vérité des faits qui s'étaient produits au Camp 113 alors que Georges BOUDAREL y exerçait ses fonctions politiques.

Monsieur GETTI a communiqué les résultats de cette CR aussi bien à Monsieur BOUDAREL qu'à Monsieur SOBANSKY et au Général de SESMAISONS,Président de l'ANAPI,le 30 juin 1994.

Il a aussi procédé à la mise en examen pour dénonciation calomnieuse du Générak SESMAISONS,cependant que Monsieur SOBANSKY avait été mis sous régime de témoin assisté.

Les associations d'anciens d'Indochine se sont déclarées solidaires de Monsieur SOBANSKY et du Général de SESMAISONS car à leurs yeux,les faits dénoncés par ceux-ci étaient bien rééls.Ces mêmes associations se sont indignées du fait que Georges BOUDAREL ait osé poursuivre en justice ses anciennes victimes,rappelant que dans le Camp 113,alors qu'il exerçait ses fonctions,la mortalité par malnutrition et mauvais traitements avait été supérieure à celle des camps nazis,qui sont déja considérés comme la honte de l'humanité.
Le Comité d'Entente des Anciens d'Indochine.

ANAPI.



                                                      Histoire de camp-113

En ce qui concerne le camp 113,il faut éviter tout malentendu-les camps de prisonniers changeaient souvent de lieu et d'appellation.
Pour ma part,je suis arrivé début octobre 1951 au" premier camp 113"situé près du village de "Nam Nahm",à 25 km à l'ouest du kilomètre 32 de la RC2(60km au sud de la frontière de Chine,30km sud-ouest de Bac.Giang).

Ce camp était abandonné et son cimetière contenait des tombes inconnues.Nous reconstruisimes les paillottes et il nous fallut évidemment agrandir aussotôt le cimetière,où nous enterrâmes de nombreux camarades.C'est là que nous accueillîmes les prisonniers de la première bataille de NGHA-LO(novembre 51)et des combats du pays THAÏ. Au nombre de ceux-ci,se trouvait le Sergent FILLEUL qui ne fut jamais libéré et connut très bien BOUDAREL,et bien d'autres qui y moururent:les lieutenants TRUCHOT,LE ROCH,et RENOUX,l'Adjudant CREPELLIERE etc....
Je l'ai quitté vers le 15 janvier 1952.En novembre de la même année,ce camp était devenu totalement insalubre.En effet les cimetières débordaient de cadavres inhumés en surface car les prisonniers fossoyeurs étaient épuisés.Les grosses pluies d'automne déterraient les corps,ce qui polluait les ruisseaux.Les rats pullulaient   et s'attaquaient même aux mourants à l'infirmerie.Il a fallu évacuer ce camp pour des raisons sanitaires.(Témoignage de mon ami le Major TURELIER arrivé au premier 113 au printemps 52).

Alors on reconstruisit 30 kilomètres plus à l'est,au nord de VINT-THUY,non loin de la RC2 un nouveau camp 113 près de LANG-KIEU-C'est là que sévit BOUDAREL et souffrirent SOBANSKY et ses camarades capturés à la deuxième bataille de NGHA-LO(novembre 1952) et combien d'autres:L'Adjudant Thomas CAPITAINE,le lieutenant JEANTELOT,le médecin-lieutenant PEROT etc....

Général Yves de SESMAISONS.

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 17:12

 

12 balles dans la peau

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 10:59

DLP-218-001.jpg

 

 

 

Pour ceux qui ne le savent pas,la revue Debout Les Paras est envoyée gratuitement à tous les adhérents de l'association de l'Union Nationale des Parachutistes.Riche en événements de l'Association,elle contient de nombreux articles sur le monde du parachutisme militaire,d'hier et d'aujourd'hui.

 

       L'article -ci dessous est extrait d'un ancien DLP,le n° 124.

 

 

 

 

 

 
                                                 La chance du caporal Nguyen.

Sur la petite dizaine de bataillons parachutistes opérationnels à partir de 1950 en Indochine,trois ou quatre étaient vietnamiens à encadrement européen.Dans les autres,"jaunis"à plus de cinquante pour cent,on trouvait des vietnamiens dans toutes les unités et deux compagnies de combat sur quatre étaient indochinoise avec un encadrement presque exclusivement français.On appelait ces compagnies ded CIP,compagnies indochinoises parachutistes.

C'est l'histoire d'un rescapé de la 6eCIP qui vous est contée ici.

L'investissement de Saïgon par l'armée populaire de vietnamienne en 1975 marque le début d'heures difficiles pour les Vietnamiens ayant servi dans l'armée de l'Union Française.Nguyen est de ceux-là.
Engagé volontaire en 1950 pour deux ans au titre du 7eGCCP,rengagé pour 6 mois en décembre 1952 au titre du 6eBPC,puis d'un an à compter de juillet 1953,il est nommé Caporal en avril de la même année.
Blessé une première fois et cité au 7eGCCP,il est cité une seconde fois au 6 dans l'affaire de Tu-Le.Il participe à l'opération "Castor"en novembre 1953 et saute à nouveau sur le camp retranché le 16 mars 1954 avec le 6eBPC.Blessé grièvement et cité le 5 mai,il est fait prisonnier le 7 mai et évacué sur Hanoï le 27 mai,puis Dalat le 28 ou il est amputé de la jambe gauche,au dessus du genou.Le 1e mars 1956,pensionné à 90%,il est renvoyé dans ses foyers.

A partir du cruel avril 1975 Nguyen n'a plus qu'une idée en tête,rejoindre la France,sa seconde Patrie.

En 1984,le docteur Grauwin,de passage au Vietnam,est abordé par une demi-douzaine d'amputés,mandiant dans les rues de Cholon.Ce sont d'anciens combattants de l'Armée Française.Parmis eux,Nguyen que Grauwin avait soigné à Dien Bien Phu et à Dalat.
Fin 1986,lors de la Mission Bariani,Fontes,Grauwin pour la translation des restes mortels des soldats du CEFEO,Nguyen attend le docteur à la porte du Consulat de France d'Ho Chi Min Ville.Ces retrouvailles seront si émouvantes,que les Secrétaires d'Etat aux Affaires Etrangères et aux Anciens Combattants décideront de mener une action en sa faveur dès leur retour en France.
Sa deuxième chance sera de figurer sur l'annuaire des anciens de Dien Bien Phu,bien que domicilié à Ho Chi Min Ville.Il ne semble pas qu'il y en ait d'autres dans son cas.

Les Anciens du Bataillon Bigeard arganisant un rassemblement à Saint-Brieuc,trente cinq ans après avoir quitté cette ville pour le delta tonkinois,Nguyen est destinataire du bulletin d'inscription au même titre que ses camarades dont il a été possible de retrouver l'adresse.

Troisième chance,le courrier lui parvient alors qu'il lui avait été expédié comme on jette une bouteille à la mer.Celle des "Boat-people"justement!

Les liens étant renoués,l'échange de lettres entre Nguyen et le Comité des Anciens du 6 ne cessera plus.Lançant tous azimuts SOS sur SOS,par l'intermédiaire de la seule adresse amis qu'il possède en France,il finira par atteindre beaucoup de monde:les colonels Magnillat et Ferrari,le général Leboudec,ses anciens commandants de compagnie et chefs de section,les généraux Bigeard et Caillaud,Madame de Heaulme(Geneviève de Galard),le général de Castrie,jusqu'au commandant en second du 6eRPIMa dont il avait lu le nom sur une lettre relatant les cérémonies des 27 et 28 juin à Saint-Btieuc.Cette façon de faire,non criticable et bien compréhensible,n'ira pas sans provoquer quelques malentendus et,comme toute action anarchique,sera source de retard.

Tous les destinataires se mobilisent plus ou moins pour appeler l'attention du Ministre des Affaires Etrangères et celle du Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants sur le cas Nguyen.
Ils plaident sa cause en vue de lui obtenir un visa d'entrée en France.
Rien ne se passe.Inlassable,Nguyen continue d'adresser missives sur missives.Le Comité devient ainsi la boite à lettre du Caporal Nguyen.Extrait signalétique et des services,photographies,copies de citations,de Médaille militaire,de titre de pension,d'échanges de correspondances avec les autorités de la RDV et du Consulat de France à HCMV affluent.
Relevant des noms dans de vieux journaux,Nguyen écrit,par l'intermédiaire du Comité,à des personnages aujourd'hui disparus ou incapables de peser sur une décision des autorités en place.
A tous,il lance un vibrant appel:Aidez-moi!Sans cesse sur le métier il remet son ouvrage.Ses lettres(écrites par un écrivain public car il semble avoir oublié le français,si tant est qu'il l'ait jamais maitrisé),sont un modèle d'éloquence.Rédigées dans le style du 18eme siècle,elles contiennent des formules surannées et émouvantes.On les dirait écrites par des vieux lettrés d'Annam reconvertis dans cette spécialité,pour une boule de riz.
Le 8 avril 1987,le Ministre des Affaires Etrangères(qui ne pratique pas le style fleuri des mandarins de deuxième classe) répond au général Bigeard par une fin de non recevoir.Il s'abrite(c'est le Directeur de Cabinet qui signe) derrière une législation qui ne semble viser que les serviteurs de la France.Pour les autres,les visas d'entrée sont semble-t-il accordés plus largement.Il suffit de prendre le métro pour s'en rendre compte!

Nguyen accuse le coup.Mais il continue à s'accrocher.La fréquence de ses lettres redouble.Leur longueur s'accroît.Les termes employés ressemblent de plus en plus à une prière.
Pourquoi pas moi?Alors que tant d'autres(il cite des noms)qui ne sont pas invalides sont déjà en France.
On ne peut rendre compte des termes employés.Il faudrait reproduire une soixantaine de lettres reçues ou l'espoir le dispute à la tristesse,parfois à la rancoeur,jamais au découragement.

Le même mois,un de nos amis,en voyage au Vietnam,lui porte:dollars,médicaments et la reproduction du fanion du 6.
Il constate la surveillance étroite dont il est l'objet par le Comité de quartier et la précarité de son existance.Il le trouve allongé sur un bat-flanc,sans prothèse.Nguyen n'ose s'exprimer devant les délateurs du régime au travers d'un interprète accompagné d'un Can Bo.C'est à peine s'il dit merci.Le lendemain,de bon matin,en catimini,il viendra en pousse à l'hôtel pour saluer ce "Phap"généreux et prendre sa main dans les siennes ,quelques secondes.Il repartira aussitôt.Il s'excusera peu de temps après dans une lettre parvenue en France par l'intermédiaire d'une ambassade amie.

En octobre 1987,le Consulat de France à HCM Ville renouvelle les termes d'une lettre adressée à Nguyen en 1983:"L'examen de votre demande est conditionnée par la délivrance d'un visa de sortie par les autorités de la RDVN",il serait trop long et surtout délicat d'expliquer pourquoi ce visa mettra si longtemps à être accordé.
De son côté,le Comité continue de tirer les sonnettes .Geneviève de Galard,qui vient de recevoir une lettre de Nguyen lui annonçant qu'il est (enfin) en possession des visas de sortie pour lui et sa famille,en fait part au responsable du Comité et au général Caillaud lors du 35 eme anniversaire de Dien Bien Phu,le 7 mai 1989 à Pau.
Elle pose le vrai problème,celui de la garantis exigéepar le Ministère des Affaires Etrangères concernant l'ébergement et la prise en charge,pour accorder les visas d'entrée en France.Le général Caillaud accepte de se porter garant en sa qualité de Président de l'Entraide Parachutiste.Il contacte le général Simon,Président du Comité Franco-Vietnamien,Franco-Laotien et Franco-Cambodgien,intermédiaire obligatoire et unique entre la Ministère des AE et l'Entraide,lorsqu'il s'agit d'un ancien militaire.
Le 9 mai,un télégramme de Nguyen réclame le visa d'entrée,d'urgence,comme il se doit.
Le 11 juin, le général Bigeard appelle à nouveau l'attention du Ministre des Affaires Etrangères.Celui-ci,le 3 juillet,lui répond que:"compte tenu des services éminents rendus par Nguyen et du fait que toutes garanties de prise en charge ont été apportées par l'Entraide Parachutiste,il a été possible d'accorder les visas sollicités pour la famille de l'intéressé".

Que va-il se passer maintenant?
Au moment ou nous mettons sous presse,nous apprenons l'arrivée à Roissy de Nguyen!Après un séjour d'accoutumance da quatre ou six semaines dans un centre d'accuiel de la région parisienne,lui et sa famille seront dirigés soit sur Besançon,où l'Entraide possède un point d'amarrage avec un noyau de réfugiés vietnamiens anciens paras,soit sur une autre ville de France selon les possibilités d'accueil.

L'Entraide Para se chargeant d'assurer les besoins minimums immédiats de la famille de cet ancien du 6.
Viendront ensuite l'aide sociale,les secours divers,la pension d'invalidité  de Nguyen.Mais surtout,l'action des uns et des autres portera sur le reclassement des enfants de Nguyen (huit) dont l'âge s'étage entre 13 et 32 ans.
Cela peut être long.Toutes les bonnes volontés seront les bienvenues.

Les anciens du 6 comme du 7 peuvent dès maintenant participer à cette opération humanitaire à caractère concret.
Il n' s'agit pas ici de verser des dons à une oeuvre pour un pays dont les premiers bénéficiaires sont le plus souvent "la nomenklatura"
Non,il s'agit d'aider un camarade et sa famille.Ce faisant,vous rendrez hommage aux milliers de Paras vietnamiens qui sont tombés dans les rangs de nos bataillons:les BEP,les BPVN,les BPC,les RCP et tous les autres.
Nous espérons que vous rejoindrez l'ancien Commandant de compagnie de Nguyen qui a déjà offert un don extrémement généreux

...........................

A la fin c'est signé:un Phap de la 6emeCIP.

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 16:26

Article remis en ligne pour ajout d'une image de la période concernée offerte par Monsieur J.Golfier.

 

 

Les origines de l'ancien Bataillon auquel a appartenu Michel Fries de la section de Thionville.(en bref)

 

Dès fin 1945,sont créés les 1er et 2éme CHOC SAS ,le premier bataillon débarque à Saïgon le 27/2/1946,suivi du second,ces deux bataillons forment la 1ére Demi Brigade de Parachutistes SAS.


En France, la relève de la 1ere Demi Brigade SAS s'effectue.


Le commandant Dupuis met  sur pied un premier bataillon.Le 5éme BPIC (bataillon parachutiste d'infanterie coloniale)il est constitué à Tarbes,dès février 1947,hétitier du 5éme RIC,il assure la garde de son drapeau.En septembre 1947 le chef de bataillon Grall prend le commendement du bataillon,tandis qu'un premier détachement sous le commandement du capitaine Dupuis est en partance pour l'Indochine.Il embarque à Marseille le 30 octobre 1947 pour l'Indochine ou il devient le 2èmeBCCP-SAS le 15/11/1947 et fait alors partie de la Demi-Brigade de Parachutistes SAS,dont il est le deuxième bataillon.


A son départ,le commandant Dupuis a laissé à son successeur,le commandant Grall  500 hommes et un noyau important provenant du Groupement Ponchardier.Ces hommes sont regroupés à Vannes-Meucon par le colonel Massu ou est créé un centre d'instruction et d'entrainement.


Le 2°BCCP-SAS embarque pour la France le 12/12/1949 pour être dissous le 01/01.1950


Le bataillon a obtenu deux citations à l'0rdre de l'Armée sur Croix de Guerre des TOE.


Il est recréé le 26/11/1950 sous l'appellation 2°GCCP.
A noter:une partie des éléments du 5°BPIC formés à Quimper en Bretagne formera le 5°BCCP qui opérera en Indochine dès 1948,commandant Grall.

                      ci dessous quelques images d'insignes,libres de diffusion-l'auteur est BrunoLC.

            417px-Insigne_du_2-_BCCP.jpg

 

 

                                                        ******************************

 

 

Ces informations nous sont transmises par Michel Fries,ancien du 2°BPC.

                                       

 

                           Le 2ème Bataillon de Parachutistes Coloniaux

Chefs de corps successifs:
-Commandant TOCE- du 1 février 1950 au 14 mars 1952
-Capitaine LENOIR-du 14 mars 1952 au 24 janvier 1953


Appellations successives:
-2ème BCCP février 1950 à novembre 1950
-2ème GCCP novembre 1950 à février 1951
-2ème BPC mars 1951 à février 1953

 


Mis sur pied à Meucon et à Vannes(caserne Delstraint) à partir du 1er février 1950,le 2ème BCCP aux ordres du commandant Toce,est créé administrativement le 26 novembre sous l'appellation de 2ème GCCP,jour de son embarquement pour l'Indochine à Marseille sur la "Saint-Nazaire".Débarqué à Saïgon le 29 décembre,il est immédiatement dirigé,partie sur Tan Son Nhut,partie sur Di An,où il établit ses cantonnements.


Destiné à relever le 3ème BCCP,il aurait du théoriquement rester dans le sud mais,le 15 janvier 1951,il est désigné pour le Tonkin où le général de Lattre regroupe la plupart des bataillons de réserve générale à la suite de l'offensive de Giap sur le Delta.Aérotransporté sur Hanoï le lendemain,il n'a que le temps de s'installer au "Protectorat" avant de faire mouvement par route sur Sontay en vue de procéder au nettoyage de ce secteur profondément infiltré par les éléments de tête de l'attaque vietminh.Il va y demeurer jusqu'au 16 avril,"grenouillant" sans répit entre Trung Ha,Hung Hoa et le Ba Vi,multipliant patrouilles et reconnaissances,ponctuées seulement par de brèves escarmouches.

Tonkin zone DBP


Dans le même temps,il se renforce d'une compagnie autochtone,la 2ème CIP(capitainr Le Mire),mais doit se séparer du GC3 au profit du Bataillon"B"(futur 8ème BPC) en cours de constitution.Le 1er mars,il devient "2ème BPC",et entreprend son "jaunissement" avec des partisans de la région de Sontay.


Le 16 avril,il quitte le secteur de Sontay pour rejoindre directement celui de Bac Ninh où il oeuvre pendant un mois.Le 28 mai,il est à Phu Lang Thuong,dernier poste français sur la route de Lang Son,quand il est rappelé d'urgence à Hanoï(où sa base arrière est installée au "Séminaire" depuis le 15 avril),pour sauter le surlendemain à Thaï  Binh en renforcement du dispositif menacé par l'offensive vietminh sur  le Day.A partir du 14 juin,il intervient dans le secteur de Phu Ly,jusqu'au 25,date de son retour à Hanoï.


Le mois de juillet marque le début des grandes migrations du bataillon.Le 15,mis à la disposition du général commandant les FTCV,il fait mouvement sur Haïphong en vue de son départ pour l'Annam.Une partie embarque sur "l'Espérance" le lendemain à destination de Tourane où elle arrive deux jours plus tard.L'autre partie arrive par avion.Quatre semaine durant,il parcourt le pays,de Tourane à Quang Tri,menant une sérié d'actions de détail et d'opérations de nettoyage,au nombre desquelles "Baigneur" le long du Song Van Xa,le 5août,"Aspirine" dans la région de Ba Lang,le 7 août,"Géranium"dans le secteur de Phuoc Mon,le 13 août et "Pivoine" dans la région de Cam Lo,du 14 au 16 août.


Le 18 août,il entame son mouvement sur le Cambodge où l'approche des élections et les troubles qu'elles pourraient susciter parmi la population rendent nécessaire la présence d'une unité"solide":un détachement,comprenant un PC réduit et les 3ème et 4ème compagnies,est d'abord aérotransporté sur Paksé(Laos) avant d'être acheminé quelques jours plus tard sur Phnom Penh,le reliquat étant d'abord dirigé par bateau sur Saïgon avant de prendre la route pour Pursat et Krakor.Regroupement à Krakor le 29 août et activités diverses(patrouilles,embuscades,raids)pendant trois semaines.


Le 20 septembre,mis à la disposition du commandant des FTSV  pour participer à des opérations d'assainissement dans la région de Sadec,il rejoint cette localité,partie par voie routière,partie par voie fluviale.Le 24,au cours d'une première intervention visant à nettoyer un ensemble de cocoteraies situées entre le Bassac et le Mékong antérieur,il tombe dans une embuscade sur le rach Muong Kai et perd le capitaine Bessières,commandant de la 4ème compagnie,mortellement blessé.


Rentré à Hanoï le 6 octobre,il en repart le 1er novembre pour Dong Hoï(Centre Annam) en vue d'effectuer l'opération"Bichon" contre le Régiment 95 qu'il poursuit pendant cinq jours dans toute la région ouest de Dong Hoï,de la rivière Troc au nord à Vinh Thuy au sud,ne pouvant en fin de compte qu'accrocher un petit élément d'arrière-garde et intercepter un convoi d'une quarantaine de blessés.


Le 9 novembre,il est à Hanoï .Cinq jours plus tard,il saute en première vague sur Hoa Binh(avec les 1er et 7ème BPC ) dans le cadre de l'opération "Lotus" destinée à conquérir la rive droite de la Rivière Noire en aval de la capitale du pays Muong.Son regroupement terminé,il se porte sur l'importante position,dite "le Belvédère",qu'il occupe sans opposition.Dans les jours qui suivent,rayonnant autour de la cuvette,il assure une multitude de missions de reconnaissance,d'ouvertures de routes et de protections de convois fluviaux.C'est au cours de l'une d'elles que,le 13 décembre,la 3ème compagnie(lieutenant Ziegler) se fait violemment attaquer dans la cuvette de Yen Mong et doit livrer bataille pendant quatre heures avant de pouvoir être dégagée.Bilan:huit morts dont le lieutenant Paoli,dix neuf blessés,deux disparus.


Aérotransporté sur Hanoï les 25 et 26 décembre,il y fête le Nouvel An 1952,puis,le 8 janvier,il est de nouveau parachuté à Hoa Binh en renforcement de la garnison ,après qu'un commando vietminh se soit infiltré dans le camp retranché,et y ait provoqué quelques dégats.


Du 22 au 24 février,il prend une part active à l'opération"Arc en ciel"(repli des positions d'Hao Binh et de la RC6),assurant la sécurité des troupes et du matériel lors du franchissement de la Rivière Noire d'abord,et protégeant ensuite leur acheminement sur le delta.


Le 15 mars,tandis que les opérations de nettoyage se multiplient dans le Delta,il est dirigé sur Phat Diem où il va oeuvrer jusqu'au 28 avril:le 24 mars il donne l'assaut au village de Binh Sa,faisant trente tués et neuf prisonniers,récupérant un armement important,au prix de cinq blessés seulement.Du 29 avril au 15 mai,il opère dans les secteurs de Nam Dinh et de Thaï Binh,puis regagne sa base arrière maintenant installée au camp"Lieutenant Paoli".Il le quitte le 27 pour Phu Ly afin de participer à l'opération "Kangourou",visant à nettoyer la base ennemie du Cho Chay.Le lendemain,il accroche sévèrement au village fortifié de Dao Xa:trente quatre tués chez les Viets,onze prisonniers,la 2ème CIP (capitaine Garnier)perdant de son côté cinq tués et vingt-huit blessés.Retour à Hanoï le 1er juin.


A la fin du mois de juillet,il reprend le chemin du Delta:dans le Hung Yen du 24 au 29,dans le secteur de Phu Ly avec le GM4 du 1er au 14 août,dans le Phat Diem à partir du 18 août.Implanté à Phuc Nhac qui devient la base de départ de ses opérations  pour deux mois.Tout en participant à la construction de nouveaux postes,il intervient activement dans la région,notamment lors des affaires de Bo Vi et de Kim Son.


A son retour à Hanoï à la mi-octobre,il reçoit l'appoint d'une nouvelle compagnie autochtone,la 22ème CIP,aux ordres du capitaine Golfier.


Le 9 novembre il est aérotransporté à Laï Chau en renforcement du dispositif de la zone opérationnelle du pays thaï blanc,menacé par une action d'envergure du Régiment 148.Mission:assurer la couverture de Laï Chau en direction du sud,entre la RP 41 et la Rivière Noire.Le 13,il s'installe au village de Ban Nam Nen où il passe aux ordres du GMVN et est chargé de réaliser la jonction avec le 56ème BVN montant à sa rencontre depuis Tuan Giao.
Le lendemain il franchit la Nam Meuk et fonce sur Luan Chau qu'il occupe.Le 15 ,il s'engage sur la RP 41 en direction de la piste de la Nam Ginh où il doit recueillir le 56ème BVN.Presque aussitôt,la 4ème compagnie (lieutenant Coudurier),qui marche en tête,accroche.La 22ème CIP tente de déborder et se heurte violemment à l'ennemi.Le capitaine Golfier est tué.Très vite,le bataillon,assailli de toutes parts,doit abandonner ses positions sous le feu,sans avoir pu réaliser la liaison avec le bataillon vietnamien.

 

image offerte au blog par J. Golfier:Hanoï le 29/10/1952-cadres de la 22° CIP.

hanoi-2---Copie.JPG

merci pour cet envoi.

 

Celle-ci s'effectue le lendemain tout en combattant  et avec l'appui de la chasse.Le 17,les deux unités se regroupent  à Luan Chau qui est attaqué le soir même et évacué en catastrophe.
La 3ème compagnie,restée en place pour protéger le repli,perd le contact et se voit contraint de se jeter dans la brousse.Pour éviter de tomber sur les viets,nombreux sur la RP41,elle s'enfonce dans la montagne en direction de l'ouest.
Au passage elle recueille une grosse section de la 2ème CIP,qui s'était perdue au moment du décrochage.Il faudra dix jours à ce groupe de cent trente parachutistes pour gagner Dien Bien Phu qui sera atteint après une marche épuisante de plus de cent kilomètres,au cours de laquelle la Nam Meuk sera franchie à quatorze reprises.
Pendant ce temps,le reste du bataillon,talonné par l'adversaire,aura réussi tout en livrant de durs combats retardateurs,à s'installer en défensive au col Claveau,puis à rejoindre Laï Chau le 23 novembre.
Quatre jours plus tard le bataillon,aérotransporté,partie de Laï Chau,partie de Dien Bien Phu,se regroupe au complet à Hanoï.


En décembre et début janvier 1953,une suite d'opérations de détail dans les secteurs de Phu Ly et de Hadong marque la fin du séjour du 2ème BPC en Indochine où il laisse quatre-ving des siens:trois officiers,onze sous-officiers et soixante-six hommes de troupe.
Embarqué pour la France le 24 janvier à Haïphong sur le "Pasteur",il est dissous administrativement le même jour.Débarquement à Marseille le 11 février.
Le 2ème BPC est titulaire de deux citations à l'ordre de l'Armée.

 

                          Deux documents personnels remis par Michel Fries.

2BPC-1-001.jpg

Magnifique bataillon qui dès son arrivée en Cochinchine a été aérotransporté au Tonkin pour participer au dégagement de la Région de Santay lors de la bataille de Vinh Yen  le 16 janvier 1951.

Après cinq mois d'engagement à terre a été brusquement parachuté dans le Thai-Binh au moment de la Bataille de Ninh Binh et a contribué efficacement à la pacification de cette région.

Pendant tout l'été 1951 a opéré en Annam ,au Laos,au Cambodge,en Cochinchine,puis au Tonkin,puis en Annam.Ramené d'urgence au Tonkin est le 14 novembre 1951 parachuté en première vague sur Hoa Binh,où il s'empare de la hauteur dite du Belvédère.

Le 8 janvier 1952 au moment où l'étreinte VM se resserre sur Hoa Binh,est de nouveau parachuté et sous l'énergique impulsion de so Commandant le Chef de Bataillon TOCE,par son entrain,par son activité de patruoilles offensives incessantes,par sa maitrise du combat,il décourage définitivement la tentative d'assaut adverse.

Au moment de l'évacuation définitive d'Hoa Binh,le 22 février,par une manoeuvre magnifique ,occupe de nuit une position minée.Recevant les coups directs de l'adversaire qui le domine,se maintient toute la matinée sur cette position et y arrête net l'assaut de    l'un des meilleurs bataillons VM.

Finalement chargé de l'ultime protection des plages d'embarquement inflige aux rebelles des pertes considérables.

Bataillon d'élite,a,par son exemple,sa valeur combative et son haut moral,écrit une belle page à ajouter à la gloire des parachutistes de l'Armée Coloniale.

Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre des Théâtres d'opérations extérieures avec Palme.

Fait à Paris le 23 juin 1952

PLEVEN


2BPC-2-001.jpg

 

Carte de l'Indochine en 1949(transmise par Michel Fries)

 

carte Indo 1949 001

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 08:03

Texte transmis par Eugène Legal:UNP Tionville.Ancien du 11°CHOC.

 

ce texte est paru dans "Azur et 0r" nr 151 octobre 2004.

et dans la revue "Qui Ose Gagne 11ème CHOC:avril 2010.

 

sur hugette. 1

sur hugette. 2

 

 

Extrait du livre de Geneviève de Galard

"Une femme à Dien Bien Phu"

 

......Ils attendent aussi avec impatience des nouvelles du lieutenant Desmaizières évacué la veille,après avoir été grièvement touché le 26 mars lors d'une opération déclenchée pour dégager "Huguette6".Voyant le médecin du bataillon débordé,Desmaizières se dirige vers l'antenne et,malgré sa blessure au visage et au thorax,il trouve le moyen d'aider,au passage,un légionnaire qui peine à monter sur le blindé qui doit l'évacuer.

Lorsqu'il arrive à l'antenne,le docteur Grawin découvre un immense trou sanguignolent à la place de la bouche."La peau du menton et des joues pend déchiquetée sur sa poitrine qui se trouve couverte d'une passementerie rouge,gluante,ponctuée de fragments de dents et d'os.Ce spectacle est effrayant.....".C'est le docteur Gindrey qui,le voyant s'asphyxier,effectue la trachéotomie salvatrice.

Mais les émotions ne sont pas finies pour Desmaizières.Au moment ou le capitaine Bouguereau,pilote du premier des trois Dakota qui se posent cette nuit là,remet les gaz,à cause des obus qui se rapprochent de plus en plus de l'avion,ma camarade Paule Bernard,convoyeuse à bord,s'aperçoit qu'un blessé est encore dans le GMC et le fait embarquer,au grand soulagement de Desmaizières,qui ne pouvait appeler et voyait avec angoisse le moment où l'avion partirait sans lui.Une fois dans l'avion,il attire l'attention de Paule,en lui montrant la fiche attachée à son cou,et elle reconnait alors dans ce blessé au visage caché par un énorme pansement un bon copain connu au Sahara.Tous les hommes du 1er BEP sont heureux d'apprendre que l'évacuation s'est bien passée et que la vie de Desmaizièrers n'est pas en danger....

 

Après une longue période de soins et de multiples interventions chirurgicales,il fait la connaissance dans l'hôpital ou il est soigné,l'hôpital Foch de Suresnes,de Gabrielle,une jeune infirmière qu'il épouse en juillet 1955,tout deux vivront ensemble plus de cinquante quatre ans.

En mars 1955,rétablit de ses blessures il quitte la Légion et intègre le 11ème Bataillon de Choc,bras armé des services spéciaux.

 

Il quitte le service actif en 1980 avec le grade de colonel,il est alors commandeur de la Légion d'Honneur et commandeur de l'Ordre National du Mérite,cité à sept reprises,titulaire de la Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures ainsi que de la Croix de la Valeur Militaire.

 

Atteint d'une maladie grave,il est admis à Institution Nationale des Invalides,le 29 juin 2009,il a 85 ans.Il décède le 11 novembre de la même année.

 


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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 13:59

 il nous est maintenant possible d'utiliser des fichiers pps,(ce que nous allons faire avec modération).

 Si vous êtes débutant:

-un clic sur le lien

-dans la fenêtre qui s'ouvre:cochez ouvrir avec(pour regarder) ou enregistrer le fichier -un clic sur OK-patienter durant le téléchargement.

 

(transmis par Walter Bibaut-UNP Normandie)

 

un clic sur ce lien:     AviationenIndochineT3 AviationenIndochineT3

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 09:30

Transmis par Michel Fries.

 

    Diên Biên Phu et le camp 73.(source "La Charte" 1999)

Diên Biên Phu,le 7 mai 1954.

 

2011-Les Invalides (50)Prisonniers du Vietminh,traités de criminels de guerre,nous sommes acheminés par petits groupes avec nos blessés légers vers une vaste clairière,lieu de rassemblement.Là,le Vitminh nous sépare de nos officiers,de nos camarades africains,nord-africains et vietnamiens.
Commence alors une longue marche vers l'inconnu.
La colonne 41 vit sous la pluies et marche dans la boue,principalement de nuit,afin d'éviter l'aviation française,traverse ou longe des villes ou villages que les anciens appellent Na-Sam,Son-La,monte le col des méos.
Au début une devise "marche ou crève",pour certains,mains attachées dans le dos,sans chaussures parce qu'ils ont tenté de s'évader,pour les autres,transport sur des civières de fortune des camarades blessés ou malades.
Beaucoup vont mourir au cours de cette longue marche,d'épuisement,des suites de leurs blessures,ou de sous-alimentation,car nous n'avons plus de médicaments et comme repas une boule de riz.Le commissaire politique chargé de notre colonne nous fait de longs discours de propagande:<<Criminels de guerre,impérialistes,colonialistes,vous vivez grâce au sacrifice du peuple vietnamien qui se prive pour vous donner à manger,seule la clémence de l'oncle Hô vous permet d'être encore en vie>>.
Nous sommes priés de remettre nos affaires personnelles,montres,bagues,photos,briquets et allumettes,contre un reçu en papier hygiénique sur lequel est porté la mention"sera rendu à votre libération".Privés de feu,nous dépendons de nos gardiens et de leur bon vouloir pour allumer les foyers destinés à nous sécher,réchauffer,et faire cuire notre riz dans nos casques lourds.Lorsque nous avons la chance,au cours d'une halte,de pouvoir nous abriter sous une cagnat,c'est la bagarre entre nous pour avoir la meilleure place.
Après 600 km de marche forcée,toujours sous la pluie,nous n'avons plus de chaussures et arrivons pieds nus dans un village dont j'ignore le nom,transformé camp 73.Pas une seule âme alentour.Les maisons qui serviront de geôles sont vides,sans portes ni fenêtres,avec pour seul mobilier des planches qui nous feront souffrir durant toute notre captivité.Nos geôles sont très éloignées les unes des autres afin d'éviter tout rassemblement.Nous sommes répartis dans chacune d'elle par 12 avec,comme responsable,un homme de troupe désigné par le commissaire politique et cela,en vue de dévaloriser nos sous-officiers.Le commissaire politique nous fait un long discours où,tout spécialement,il nous dit que,grâce à la clémence de l'oncle Hô et à la générosité de son peuple,nos malades et blessés vont être enfin soignés dans l'hôpital du camp,et que,si nous voulons être nourris,il faudra aller faire des corvées de riz et de bois.
Dès que nous emmenons nos camarades à l'hôpital,nous sommes stupéfaits de découvrir une immense salle ouverte aux quatre vents avec des planches alignées l'une à côté de l'autre,où un soldat vietminh faisant office de "docteur" simule d'ausculter nos blessés et malades,et leur distribue de l'aspirine.Bien vite,nous comprenons que "hôpital veut dire morgue" car le Vietminh ne connait pas ou n'a pas les médicaments les plus élémentaires pour soigner des prisonniers atteints de paludisme,dysenterie,béri-béri ou de blessures reçues au combat.


Une journée de prisonnier au camp 73.


Réveil dès le lever du jour,nettoyage des excréments des malades de la nuit,désignation par le responsable du groupe,de"volontaires" pour la corvée de riz ou de bois,discours de propagande,à la fin de celui-ci,retour dans nos geôles sous surveillance et défense absolue de parler.Nous restons assis à méditer et à penser pendant des heures en attendant la boule de riz.Cette inactivité voulue par le  Vietminh est terrible car nous vivons repliés sur nous-mêmes et cela pourrait amener les plus costauds vers l'hôpital si la détention dure encore longtemps,et créer même une animosité entre nous.Lorsque nous sommes autorisés à parler,les conversations n'ont qu'un seul but"nourriture,soins,libération".Chaque nuit,nous sommes réveillés pour être comptés par nos geôliers qui prennent un malin plaisir à effectuer des contrôles inopinés.
L'hygiène n'existe pas,le seul moyen de nous laver est une marre d'eau croupie.
Chaque jour qui passe éclaircit nos rangs,beaucoup de nos camarades démoralisés,anémiés,ne veulent pas se résigner à effectuer les corvées de riz,s'allongent,refusent de s'alimenter et vont rejoindre à l'hôpital,nos camarades moribonds.
Au début,nous enterrons nos camarades avec un linceul de bandelettes blanches offertes par l'armée démocratique,mais le stock étant rapidement épuisé,nous les inhumons à même la terre,sous la surveillance de nos gardiens  qui nous brutalisent  pour fair creuser le plus rapidement  possible les fosses communes.Ils ont peur des épidémies,car la dysenterie fait des ravages avec son cortège d'excréments,de mouches voraces et carnivores qui volent de moribonds en moribonds.
Les corvées de riz se font tous les huit jours à environ 10 kilomètres du camp,nous marchons dans les rizières,traversons des villages où nous sommes exibés,regardés,comme des pestiférés,à moitié nus,maigres,sales,les soldats français ont piteuse allure,et nos gardiens en profitent pour faire leur propagande,et ne bronchent pas quand nous recevons  un caillou ou un crachat.Nous sommes surveillés de très prés,non pas pour éviter une évasion,mais pour empêcher que l'on dérobe du riz dans le boudin qui nous sert au transport;si l'on est pris,gare à la sentence,en général,suppression de nourriture pendant un ou deux jours.
Dès que nous arrivons au camp,nous déposons notre précieux fardeau à la "cuisine" où nos camarades antillais essayent de faire des merveilles pour varier les modes de cuisson de notre nourriture quotidienne qui est constituée d'une boule de riz avec un navet ou liseron d'eau.
Les corvées de bois se font à proximité du camp,nous ramassons des brindilles et cassons des branches.
Le 14 juillet,nous avons droit en supplément  à un morceau de cochon,un sucre noir,et à du tabac que nous fumons avec des feuilles de bananiers ou de papiers séchés,maculés d'excréments que nous trouvons à travers le camp. Ce jour historique est mis en valeur par le commissaire politique qui nous parle de la conférence de Genève,mais sur les droits des prisonniers,pas un mot.Nos camarades moribonds ont droit ,à compter de ce jour-là, à des bananes à cochon, du sucre que nous leur portons et essayons de leur faire avaler mais ,pour beaucoup, il est trop tard.
A la fin de juillet,une dizaine de grands malades sont désignés pour être libérés.
Regroupés,ils ressemblent aux déportés de la dernière guerre,j'ignore s'ils ont rejoint la France.En nous regardant,nous constatons que nous devons leur ressembler,nous sommes tous très maigres,beaucoup ont les yeux agrandis par la fièvre,dépenaillés,véritables témoins de la souffrance humaine.
Août,il doit se passer quelque chose,nous ne sommes plus réveillés pour être comptés,nos gardiens sont plus courtois,certains reçoivent de la quinine,des moustiquaires qui ne peuvent nous servir,car nous n'avons rien pour les accrocher.Un matin,nous sommes tous rassemblés,et le commissaire politique nous dit que,grâce à l'oncle Hô,à sa générosité,sa clémence,nous allons sans doute être libérés,mais il ne sait pas quand.Il établit des listes,pour les valides,malades,cela va durer huit jours.Nous sommes angoissés car,malgrè l'espoir de notre future libération,la mort fait toujours des ravages?
Le grand jour arrive,nous quittons ce camp de la mort,sans nos grands malades,le commissaire politique ayant ,suite à notre demande,refusé de les emmener avec nous.A ce sujet,il nous a répondu:<<Non,ils seront acheminés par l'armée démocratique>>.Est-ce que cela a été fait pour tout le monde?Une preuve que non,l'un de mes meilleurs camarades n'a pas répondu présent à Haïphong.Est-il mort après notre départ du camp ou pendant  son transport vers la liberté?Nous ne le saurons jamais.
Nous marchons deux jours et sommes amenés dan un village,là,nous sommes hébergés dans un ancien monastère.Nous avons droit à du poulet,du riz,des fruits,faisons un repas pantagruélique  dont certains mourront quelques jours plus tard.Nous pouvons nous laver,l'on nous habille avec des tenues et sandales viêtminh.
Nous sommes dirigés par camions vers Samson,débarqués nous marchons encore une heure et,au bout d'une clairière,nous apercevons notre drapeau national.Quelle émotion,nous pleurons et pensons être libres de suite.
<<Non>>,nous répond notre nouveau commissaire politique,car il faut attendre la Commission internationale d'armistice"qui constatera que vous avez été bien traités".
Ce jour là,nous apprenons la fin de la guerre.
Des jours d'angoisse et de désespoir car,si près du but,des camarades meurent encore de fièvre et de dysenterie.Nous demandons à nos gardiens pourquoi nous sommes toujours là,le commissaire politique nous répond invariablement:<<C'est la faute des Français qui font traîner les négociations,peut-être ne vous veulent-ils plus>>.Pour des hommes en pleine santé,cela les aurait fait sourire,mais nous étions tellement épuisés,moralement et physiquement,que nous étions arrivés à douter de nous-mêmes et de nos gouvernants,la politique dirigée par l'oncle Hô faisant encore des ravages sur le plan psychique.
Enfin,la Commission internationale d'armistice est arrivée,nous a examinés,et nous avons encore attendu un jour,c'est là qu'une délégation de femmes vietminhs est venue nous apporter un message de paix,et remis un mouchoir en drap sur lequel est brodé une colombe.Jusqu'au dernier moment de captivité,l'oncle Hô aura été parmi nous.
Avant d'embarquer sur les bateaux  de notre Marine nationale,nous avons vu les prisonniers vietminhs qui revenaient de nos prisons,bien nourris, avec valise et certains avec poste de radio.
Libres,nous n'avons pu manifester notre joie car nos pensées étaient tournées vers ceux qui ne reverraient  jamais la France,et aux camarades qui étaient encore prisonniers dans les camps vietminhs.
Il y a de cela 44 ans,nous étions le 18 août 1954,j'avais 20 ans.L'on croit que le temps efface tout,il est des événements qu'un homme subit et qu'il ne peut effacer de sa mémoire.Aujourd'hui,j'ai l'impression que,durant cette période de ma vie,j'ai été entouré de plus de morts que de vivants. 

Pierre Monjal.

 

Lien sur le blog:  le parachutiste Jean Paul CIPA -disparu au camp 73.

Recherche d'informations sur Parachutiste disparu en Indochine.Au résultat.

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