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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 17:09

Voir le témoignage ajouté en bas de page.

 

Article transmis par Eugène Legal,UNP Thionville,ancien du 11° Choc et diffusé avec autorisation.

 

Devoir de mémoire envers nos frères d'armes tombés au champ d'honneur en AFN.

SC-Crdelette.jpgAndré Cordelette:né le 25 décembre 1932 à la Fère.Il décide de s'engager et part à Perpignan pour sa formation de parachutiste.De Perpignan il part à Mont-Louis dans les Pyrénnées Orientales,pour rejoindre le CPIS(centre parachutiste d'instruction spécialisé) traditionnellement appelé le <<11° Choc>>.Il obtient ses galons sur le terrain,passant du grade de caporal à celui de sergent-chef.

Le 10 mars 1956,il se marie à Mont-Louis.De ce mariage naîtront deux petites filles Joëlle et Corine.
Affecté en Algérie,il s'y rend,cette même année 1956,avec le Groupement de marche de la 11°Demi-Brigade de Parachutistes de Choc.Au total il y sejournera à trois reprises.
Il y a 51 ans,le 21 mars 1958,était tué le sergent-chef Cordelette,chef de stick sous le commandement du capitaine Rouquette,chef de la 3° Centaine.


Extrait du journal de Marche de S.M.
C/C à cette époque,appelé de la classe 56/2B.

Rouina,le 21 mars 1958
Rêveil à minuit de la centaine;après equipements effectués et café rapidement avalé,nous embarquons dans trois GMC à 0h30.Arrêt après une 1/2h de route dans le secteur de Doui pour charger une brigade de 70<<K>>(ralliés de Kobus).
Comme d'habitude,ces hommes ne sont pas prêts.
Le capitaine s'impatiente.Enfin tous embarquent,les camions repartent,traversent Duperre,prennent une piste sur la droite.
Après 1h30 de trajet,les camions s'arrêtent,le capitaine donne l'ordre de débarquer et nous sautons prestement sur le sol,nous sommes dans le secteur de Djellida.

Le capitaine donne l'ordre de marche.
Le lieutenant Thiebaut marche en tête de colonne,en file indienne avec le stick du sergent-chef André Cordelette,puis celui du sergent chef Yves Heuze,dont je suis un des voltigeurs,puis celui du sergent-chef Maurice Furth et enfin celui du lieutenant Loccis.
Le capitaine Roquette se trouve à la hauteur du lieutenant Loccis.Les 70<<k>> nous suivent.
Nous progressosn en silence sur une piste carrossable,en terrain plat.Il fait nuit noire,sans lune,des milliards d'étoiles scintillent,l'air est frais,une vraie nuit de pritemps.
Après un certain temps de marche,notre colonne passe près d'un poste militaire,d'où sont tirés des coups de feu en notre direction.Le capitaine a dû se faire reconnaître,les coups de feu cessent,nous progressons à nouveau en direction de notre objectif (des mousselines sont signalés hébergeant des fells)
Aux premiers coups de feu,les 70<<K>> ont filé comme des rats,il aura fallu 1/2 heure pour les rechercher,les regrouper et repartir.
La nuit s'avance,il doit être environ 3h30,la colonne chemine à un rythme tranquille,la piste est toujours plate,la marche est agréable,elle nous berce,certains sommeillent,moi le premier,nous nous suivons à 3m environ les uns des autres.
4h30(et non 5h comme écrit dans l'historique officiel des faits) une violente explosion située en tête de colonne,déchire le silence de la nuit.Instinctivement,nous plongeons tous comme un seul homme,dans les petits fossés bordant les côtés de piste.Puis silence total,pesant,angoissant.Sommes nous tombés dans une embuscade?Les minutes s'écoulent ,aucune information ne nous parvient.
Avec précaution,lentement en rampant,nous nous postons en observation sur  chaque talus bordant la piste.
Nous attendons, toujours pas d'information,la nuit est noire.
Après quinze minutes environ d'attents interminable,comme une trainée de poudre,l'information nous parvient:un obus de 105 piégé a explosé au passage du sergent-chef André Cordelette;Son pied droit ayant heurté le système de mise à feu.Sous l'effet de l'explosion,il a été projeté à plusieurs mètres en l'air et retomba sur le sol,tué sur le coup.
Le lieutenant Thiebaut,me précisera bien plus tard<<15 à 20 hommes sont passés au même endroit et n'ont pas mis le pied sur le détonateur!C'est le destin>>
Cette nouvelle catastrophique nous bouleverse tous,elle nous frappe d'hébètement,c'est la consternation générale.
L'ordre nous est donné d'attendre sur place,en protection et en observation.
Le capitaine nous fait venir près du corps d'André Cordelette,à Jean Marie Boucherie,infirmier de la centaine il dit<<voici du travail pour toi>>.Il aura pour mission d'envelopper dans une toile de tente individuelle le corps du sergent-chef Cordelette;
SC-Cordelette-2.jpgNous attendons,bien tristement que l'aurore se pointe,comme si rien n'était arrivé,les étoiles perdent de leur éclat et s'éteignent une à une,le jour se lève.
Notre chef de stick,le sergent-chef Heuze est particulièrement touché moralement,il vient de perdre un de ses meilleurs frères d'armes.
Prévenue par radio,une ambulance arrive sur les lieux et emporte le corps.Les camions arrivent également sur les lieux,mais repartent devançant notre colonne qui s'est remise en marche.
Un ratissage de secteur suit ce drame,les hommes musulmans sont sortis des metchas des villages environnants,rassemblés et passés à tabac par une unité militaire du secteur.
Nous apprenons plus tard que cet obus piégé était destiné à un des camions militaires qui circulaient régulièrement sur cette piste.
Notre progression a repris et nous arrivons sur l'objectif.5 individus en civil sont interceptés.LeSC-Cordelette--3.jpg lieutenant Thiebaut et l'adjudant-chef Gautil contrôlent leur identité,à ce moment l'un fuit,mais sera abattu de 3 balles de carabine US.
S'en suivra une grave altercation entre le capitaine des <<k>>,le lieutenant Thiebaut et l'adjudant-chef Gautil.Reproches:avoir tué le civil fuyard.
La crise est sévère,nous avons l'ordre de nous déployer au sol,fusil mitrailleur en batterie,face aux 70<<K>>.
Enfin,après discussion,la tension baisse,et les <<k>> prennent la décision de rentrer à pied à Zedin Ali,leur cantonnement  près de Doui.
En début d'après midi,les GMC nous récupèrent et entrons vers 13 heures à notre cantonnement.

22 mars 1958
Le capitaine Rouquette me donne pour mission,avec le caporal-chef Theubet et deux hommes d'escorte,de convoyer le cercueil du sergent-chef Cordelette à Tipasa,base arrière du Groupement de Marche.
Après les honneurs militaires qui lui sont rendus,il sera dirigé sur Alger pour être embarqué dans les plus brefs délais pour la France.
André laisse une jeune veuve et deux fillettes qu'il n'a guère vues,n'ayant obtenu que deux jours de permission à la naissance de sa seconde fille,en 1957.
Provisoirement inhumée au dépositoire du cimetière El Alia de Maison Carrée,sa dépouille est restituée,le 19 mai 1958 à sa famille à Mont-Louis.Ses obsèques ont lieu le 21 mai 1958,jour du 20° anniversaire de Pierette,son épouse.Il est inhumé dans le Carré Militaire de Mont-Louis,en présence de ses amis parachutistes,des autorités civiles et militaires.

La médaille Militaire lui est décernée à titre posthume.

 

Témoignage ajouté:


Salut Eugène !


Hier, j'ai envoyé un mail, suite à l'article concernant la mort de Dédé Cordelette qui est né à La Fère (petite ville que je connais très bien car elle est à une dizaine de km de chez moi). J'ai précisé que j'ai assisté de très près à sa mort car, en tant que caporal adjoint (il était mon chef de stick), je me trouvais à cinq ou six mètres derrière lui. Il y a eu une lumière blanche, mêlée de fumée et une terrible explosion. J'ai vu son corps tournoyer à deux ou trois mètres du sol. Ce n'est qu'après m'être approché que je l'ai reconnu au sol. De ce terrible drame, j'avais rapporté un gros morceau de l'obus que j'ai conservé comme une relique, jusqu'à mon départ d'Algérie, en juin 1962. Malheureusement, je n'ai pas pu emporter ce souvenir avec moi car il m'a fallu partir en catastrophe, sans rien emporter de mes biens.
J'ai aussi le terrible souvenir de la mort de Michel Crépin, tué à quelques mètres devant moi, au cours d'une terrible embuscade entre Inkermann et Mascara. Je revois encore son visage inondé de larmes car il s'est vu mourir lentement, à cause de l'hémorragie provoquée par une balle, au niveau de l'artère fémorale (cuisse droite, autant que je me souvienne).
Si tu veux, tu peux mettre ces témoignages en pièces jointes à ton article.
Bien cordialement
JP


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commentaires

J
J'ai omis de préciser que j'étais caporal adjoint d'André Cordelette, au moment de sa mort. J'ai fait partie du piquet d'honneur qui l'a veillé, à l'hôpital des Attafs et que le lendemain, j'ai<br /> fait partie de l'escorte qui l'a accompagné au dépositoire de Maison Blanche.
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D
<br /> <br /> Bonjour Jean-Pierre<br /> <br /> <br /> Comme dit avec Eugène,cette catégorie'Bagheera-Récits"  est réservée  aux anciens qui souhaitent, si ils le désirent, s'exprimer voir y faire apparaitre des articles.Michel<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Je suis toujours intriquée par ces guerres,dont j'en ai entendu parler étant petite,mon grand-père était en indochine,et il m'en parlait.J'avais l'espoir que dans l'an 2000 nous n'aurions plus<br /> jamais de guerre,à mon grand désespoir,le monde est plus cruel que je ne le pensais.Merci de nous rappeler à ceux que nous devons notre "liberté" que d'autres bafoues.Strasbourg<br /> <br /> <br />
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